Avez-vous jamais rêvé de ce moment de l’humanité
où l’on serait capable de créer des robots si semblables à l’être humain que l’on
ne serait plus capable de les différencier ? Ce fantasme de la SF a été
magistralement illustré par une série télévisée suédoise sobrement intitulée
Real Humans (les « vrais humains » en français, titre original
suédois : Äkta Människor).
Créée par Lars Lundström et réalisée
par Harald Hamrell et Levan Akin, la première saison de cette série a été
diffusée l’année dernière par Arte. Depuis le 1er décembre dernier,
la seconde saison est diffusée sur la chaîne suédoise SVT1 et c’est là que je
suis particulièrement enchantée de me trouver en Suède ces jours-ci. Et d’être
parmi les premières spectatrices françaises à découvrir le deuxième opus.
Mimi, en robe bleu-vert, est la nouvelle « Hubot » de la
famille Engman, achetée pour s’occuper des tâches ménagères de la maison.
Après une première saison teintée
d’une ambiance joviale et accrocheuse où l’on découvre tout ce que ces robots
humanoïdes vont pouvoir apporter à l’espèce humaine, la deuxième saison laisse
place à une ambiance beaucoup plus sombre…
Il fallait dire que la dernière
saison finissait avec quelques coups de théâtre dramatiques et que la suite ne
pouvait pas être trop fleurie. Changement radical d’atmosphère, donc, et
terriblement réussie qui plus est ! Le scénario, les images, les décors…
Tout est encore plus travaillé que dans la première saison, pourtant déjà
époustouflante de réalisme.
Odi et Roger sont désormais collègues de travail à Hub Battle Land, un
Paintball où les talentueuses cibles sont des Hubots.
Par ailleurs, alors que la
première saison coulait un rythme tranquille, avec une brave odeur de vie bien
ordonnée, cette seconde saison démarre sur les chapeaux de roue : les quatre premiers épisodes sont plein de surprises, de suspens savamment dosé et toujours, cette
petite touche scandinave incomparable.
Le plus surprenant, à mon sens, c’est
la capacité du scénariste à avoir pensé à tous les petits détails qu’un tel
avenir nous réserverait si effectivement, nous avions des Hubots dans nos vies :
des qualités de machine variables, des personnes qui se feraient passer pour un
robot ou vice-versa, des gens qui tomberaient amoureux d’un Hubot, ou encore ce
parti extrémiste qui souhaite les éradiquer de la surface de la terre. Au
final, tous ces petits détails parviennent à secouer quelque chose dans votre
tête : une réflexion plus profonde, plus sourde et plus angoissante,
implicite dans cette série : que se passerait-il si effectivement, des robots
nous remplaçaient au travail définitivement ? Que deviendrions-nous ?
Serions-nous pour le progrès, ou bien serions-nous comme ceux qui ne
parviennent pas à accepter ce changement ? Les réponses sont hautement
complexes et Real Humans nous montre toutes les facettes positives et
négatives, multiples et plausibles.
Et si le recruteur de Pôle Emploi affichait toujours ce sourire
honteusement poli face à vos désespoirs et réclamations ?
Le tout est saupoudré, comme lors
de la première saison, de quelques histoires parallèles sordides ou
attendrissantes. Les vies des personnages (humains ou non-humains) s’entremêlent
comme des faisceaux convergeraient lentement vers un point… Encore mystérieux.
Bref, il est temps pour vous de regarder
Real Humans, et pour moi d’attendre avec frénésie que le cinquième épisode soit
diffusé à la télé suédoise !
A vos écrans !